En 2025, ce sont 700 fermes qui ouvrent gratuitement leurs portes au grand public le temps d’un week-end, dans 26 départements. L’occasion pour les visiteurs, petits et grands, de découvrir les métiers, savoir-faire et pratiques agricoles au travers de visites guidées, de dégustations et d’animations.
Bien que toutes différentes, les fermes sont liées par des valeurs fortes : le développement des pratiques agricoles durables, la valorisation des circuits courts et la volonté de créer des espaces d’échanges et de rencontres. Engagés dans une dynamique collective forte autour de l’évènement De Ferme en Ferme, c’est ensemble sur chaque territoire que les agriculteur.trices décident des circuits, des fermes qui rejoindront l’opération, ou encore des nouvelles animations qui seront proposées aux visiteurs.
Rendez-vous “Autour de l’eau”
Inondations, sécheresses prolongées ou encore pollutions aux PFAS, pesticides et autres composés chimiques… La gestion de l’eau tant sur le plan quantitatif que qualitatif est un des enjeux fondamentaux d’une approche durable en agriculture. Après « Arbre et biodiversité » en 2024, c’est donc « Autour de l’eau » que se réuniront les fermes participantes cette année, en partageant des illustrations concrètes des aléas dus à sa raréfaction ou aux épisodes climatiques extrêmes ainsi que des solutions pour la préserver. Les paysan·nes Civam poursuivent leurs réflexions sur la gestion de l’eau et mettent en place au quotidien des pratiques pour s’adapter, qu’ils auront l’occasion de partager lors de ce rendez-vous.
De nombreux Civam locaux portent aussi des actions collectives sur cette thématique, notamment en partenariat avec les Agences de l’eau. Au niveau national, Réseau Civam s’engage par ailleurs à accompagner les acteurs·trices du monde rural à la gestion de l’eau via de nombreuses actions : outil et formation « Mission Ecophyt’Eau », projet « extension nitrates », organisation de journées thématiques réunissant agriculteurs·trices, scientifiques, accompagnateurs·trices d’agriculteurs·trices.
Pour les CIVAM, il est primordial de donner l’occasion aux citoyens d’aller découvrir les agriculteurs et les produits fermiers proches de chez eux, de s’interroger sur leur alimentation et plus globalement sur les systèmes de production. En proposant des visites des fermes guidées par les producteurs et en expliquant les pratiques d’agriculture durable, De Ferme en Ferme® se veut une opération éclairante. Le public est ainsi incité à découvrir la grande diversité de productions et cultures, ainsi que les différents types d’agriculture et la variété propre à chaque département.
“Un week-end pour faire comprendre notre travail et nos pratiques pour une agriculture à taille humaine, respectueuse de l’environnement et contribuant à la transition agro-écologique” Julien Burlon, Référent De Ferme en Ferme & paysan dans la Drôme
Si l’opération se veut pédagogique et utile, elle n’en demeure pas moins festive ! En complément des visites guidées, les producteurs·trices proposent de déguster leurs produits et mettent en place des ateliers pédagogiques et des animations.
Au programme :
démonstrations de travaux agricoles (tonte de brebis, récolte …)
randonnées gourmandes et jeux de pistes pour les enfants
dégustations des produits de la ferme
démonstrations de fabrication de sorbets, confitures …
et bien d’autres animations !
Détails pratiques
De Ferme en Ferme®, les 26 & 27 avril dans 26 départements de métropole.
Gratuit, pour tout public.
Toutes les infos sur defermeenferme.com
Eleveurs.ses, votre élevage est susceptible d’être confronté au loup à plus ou moins long terme.
Le CIVAM Produire Partager Manger Local, engagé depuis 2020 dans la prévention du risque de prédation propose des formations pour que vous vous réappropriez des compétences perdues.
Faites nous connaître votre intérêt pour que nous adaptions le lieu et le programme à la situation des inscrits.
Intervenante : Magali Allard, éleveuse et référente IDELE
+ Visite d’élevage ovin lait avec 4 chiens de protection
2 jours
Secteur : Montpon Ménestérol ( 24, proche 33, 16 et 17)
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7 avril
Réagir aux stress et suites de prédation ovins, caprins, bovins, chevaux
Intervenant : Hubert Hiron, vétérinaire GIE Zone Verte
1 jour
Secteur : Lalinde (24)
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11 avril- 17 avril + date à définir
Connaître les forces et faiblesses de son élevage face à la prédation par le loup pour mieux se protéger
Intervenants : Eric Bertrand concepteur du diagnostic de vulnérabilité et médiateur en zone de prédation (entre autres compétences), Emeline Delong CIVAM PPML
3 jours (temps collectifs et accompagnement individualisé) + élaboration de l’analyse de vulnérabilité de votre élevage
Secteur : Gironde, lieu à définir selon inscriptions
Possibilité de prise en charge es coûts de formation par le fond de formation VIVEA pour les exploitants agricoles éligibles.
Informations et inscription auprès de
Emeline Delong civamppml@orange.fr
06 16 93 20 23 Inscription obligatoire 15 jours avant le démarrage de la formation
L’occasion de rendez-vous politiques et de prises de parole
Accompagner la transition agroécologique
Table-ronde « Accompagner la transition agroécologique : les acquis des recherches-actions INRAE et CIVAM » organisée par Réseau Civam et INRAE. Au travers de témoignages d’agriculteurs et agricultrices (Cécile Thoreau, Nicolas Verzotti et Anthony Lebouteiller, des Civam) de chercheurs (Xavier Coquil, Marianne Cerf, Célina Slimi d’INRAE) et d’accompagnateurs aux changements (dont Romain Dieulot, animateur Réseau Civam), cette table ronde a été l’occasion de présenter les particularités de la « recherche-action », comment cela se traduit concrètement sur le terrain et la place centrale de l’accompagnement dans le processus.
Ce qu’une telle approche change sur le terrain – Témoignage d’Anthony Lebouteiller, paysan et membre d’un groupe Civam ,
Ce salon a également été l’occasion pour nos deux organisations de signer notre nouvelle convention et de réaffirmer la volonté conjointe d’agir en soutenant des démarches fondées sur l’intelligence collective et l’innovation paysanne. À travers ce partenariat renouvelé, les deux organisations entendent contribuer activement à la transformation des systèmes agricoles pour relever les défis environnementaux, économiques et sociaux de demain.
« On ne doit pas choisir entre agriculture et environnement. Oui c’est possible de nourrir les citoyens grâce à une production durable et on ne peut y arriver sans partenariat » indique Philippe Mauguin, président-directeur général d’INRAE
« Réseau CIVAM joue un rôle clé dans le développement de l’agroécologie en France, en s’appuyant sur la dynamique collective, l’échange et la coopération, des leviers essentiels pour réussir la transition agroécologique. Toutefois, ces leviers ne suffisent pas à eux seuls. Face aux défis majeurs de l’agriculture – instabilité climatique, raréfaction des ressources – il est nécessaire de construire un modèle agricole plus durable, plus robuste. Pour y arriver le Réseau des Civam mise sur la combinaison des savoirs scientifiques et des savoir-faire agricoles, notamment à travers des projets de recherche participative en partenariat avec INRAE. » Nicolas Verzotti, Président de Réseau Civam
Table-ronde « La protection des ressources à travers l’agroécologie » organisée par AgriParis Seine. Nicolas Verzotti est intervenu aux côtés de Marc Dufumier, président d’AgriParis Seine, Cécile Détang-Dessendre, directrice scientifique adjointe Agriculture de l’INRAE, Thomas Uthayakumar, directeur des programmes et du plaidoyer de la Fondation pour la Nature et l’Homme.
Nicolas Verzotti est intervenu aux côtés de Marc Dufumier, président d’AgriParis Seine, Cécile Détang-Dessendre, directrice scientifique adjointe Agriculture de l’INRAE, Thomas Uthayakumar, directeur des programmes et du plaidoyer de FNH
L’occasion également de parler biodiversité, transition agro-écologique, alimentation et politiques publiques !
« Prairie, élevage et politiques publiques » – Table ronde organisée par WWF.
Franck Lebreton, éleveur laitier, référent sur les questions d’élevage durable dans le réseau des Civam est intervenu face à un référent d’Interbev, une élue de la Région Grand Est, et un·e représentant·e du groupe BEL.
La France a perdu le ¼ de ses prairies dans les 40 dernières années, et avec elles les nombreux services qu’elles rendent à toute la société, en termes de biodiversité, de stockage du carbone, de gestion de l’eau…Et cela continue avec le recul des filières lait et viande face aux cultures, une intensification du cheptel laitier avec moins de prairies, ou encore la déprise agricole (démographie et économie des filières bovines) sur fond de concurrences induites par des importations croissantes. Les élevages herbagers ont pourtant tous les atouts nécessaires pour répondre aux enjeux de souveraineté et de protection de l’environnement…. Quand la prairie recule, c’est l’élevage le plus durable qui disparaît !
En quoi l’élevage paysan est bénéfique pour les éleveur·ses, les mangeur·ses, les animaux et l’environnement ?Retrouvez l’infographie du Collectif Nourrir, dont Réseau Civam fait partie, publié à l’occasion du Salon. Un modèle à soutenir face à une production animale industrielle pourtant dominante en France.
Vers une alimentation durable… Accessible à tous et toutes, viable pour les paysan.nes
Alimentation : prix injustes pour les citoyen·nes, revenus insuffisants pour les paysan·nes.
Les partenaires de l’étude “L’injuste prix de notre alimentation” se sont réunis pour un riche échange autour de l’accessibilité de l’alimentation pour tous et toutes et sur l’impact du modèle agro-industriel sur le revenu paysan, lors d’une table-ronde organisée par la Confédération Paysanne.
Intervention de Franck Lebreton, éleveur laitier Référent Civam, aux côtés de Sylvie Colas (éleveuse et maraîchère, Confédération Paysanne), Léonie Gerbier (Fédération française des diabétiques), Marie-André Besson (Solidarité Paysans).
« On peut avoir du revenu sans avoir d’argent pour faire nos courses. L’agriculteur est incité à réinvestir. Il faut du capital foncier, des tracteurs, des espaces de stockage, mais est-ce qu’il en faut autant qu’on nous le dit dans les allées du salon ?! Tant qu’on ne change pas de modèle il ne suffira pas d’augmenter les prix… Le paradoxe c’est que les bonnes années en termes de prix agricoles, renforcent la course aux équipements au détriment de l’autonomie de l’agriculteur et de la transmissibilité des fermes. » Franck Lebreton, éleveur laitier, dans les Côtes d’Armor, membre du Cedapa et référent sur les questions d’élevage durable dans le réseau des Civam
L’occasion également pour Réseau Civam de souligner la nécessité du soutien des politiques publiques et le financement de l’accompagnement des paysans dans la transition agroécologique, au travers de mesures agro-environnementales et climatiques notamment !
Débats et tables rondes autour de l’alimentation avec des élus locaux et nationaux.
« Santé, écologie et rémunération : même combat ! Et si la solution était le droit à l’alimentation ? » table-ronde organisée par Action contre la faim, Réseau Civam, Secours Catholique – Caritas France, Foodwatch, Solidarité Paysans et la Fédération Française des Diabétiques.
« 1 an avant les municipales, Quel rôle des élus locaux face à ces constats sur le prix de notre alimentation ? Quels leviers pour agir sur les territoires ? » Nathalie Chaline, vice-présidente à la Métropole de Brest, Cédric SZABO, de l’Association des Maires Ruraux de France – AMRF et Marion Tanniou, de France urbaine ont remis en perspective les résultats de notre étude sur l’injuste prix de notre alimentation. Retrouvez l’étude l’injuste prix de notre alimentation ici
Récompenses & temps forts de groupes Civam
[Projet innovant ] Réseau Civam et Le Basic, lauréats de l’appel à projets 2024-2025 du Programme national pour l’alimentation (PNA)
« Objectiver les liens entre l’économie du service de la restauration scolaire et la transition alimentaire écologique et sociale »Photo : Thomas Hubert
Les lauréats ont été dévoilés à l’occasion du Salon international de l’agriculture par Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, en présence de Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, de Grégory Emery, directeur général de la santé, et de Sylvain Waserman, président-directeur général de l’Agence de la transition écologique (Ademe).
Cette édition de l’appel à projet, intitulée « Vers une Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat », récompense notamment les projets présentant un concept particulièrement innovant, ayant vocation à devenir des projets pilotes pouvant par la suite, après démonstration de leur efficacité, être développés et étendus. En savoir plus, article à lire sur le site du Ministère
Réseau Civam & Le BASIC, lauréats 2024-2025
« Face aux coûts additionnels supposés nécessaires pour enclencher la transition des cantines et répondre aux injonctions des différentes politiques publiques (EGalim, AGEC…), nombreux sont les élus qui doutent, voire reculent, faute d’objectivation. Le projet porté par le BASIC et Réseau CIVAM, avec l’appui de groupes locaux a pour objectif d’accompagner les techniciens et les élus de plus d’une vingtaine de collectivités au pilotage économique de leur restauration scolaire, dans le but de concrétiser une stratégie de transition ambitieuse.
Concours national agroécologie, dans la catégorie « Prairie pâturée et fauchée » : les prairies de la Vienne primées au Salon de l’agriculture ! David Guillet, éleveur à Montmorillon, a remporté la 2e place du concours, organisée dans le Montmorillonnais par la LPO et le Civam de la Vienne, il concourait au niveau national aux côtés d’éleveurs d’autres territoires prestigieux. Le jury national a ainsi récompensé la très grande diversité floristique de sa prairie, avec ses nombreuses orchidées, et son respect des besoins des animaux qui y pâturent.
Il met ainsi à l’honneur le savoir-faire des éleveurs et leur rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité et des paysages ! Retrouvez l’article complet sur le site de la LPO
Promotion de l’événement « De ferme en ferme » sur le stand de la Drôme, tout au long de la durée du salon, avec un temps fort d’animations les 1 & 2 mars.
Présentation du Projet Terrasol par les CIVAM d’Occitanie. Ce projet, co-coordonné par la Fédération Régionale des CIVAM d’Occitanie et la Chaire Unesco Alimentations du monde a été lauréat de l’AMI Démonstrateurs Territoriaux Agricoles et Alimentaires, opéré par la Banque des Territoires et soutenu par l’État dans le cadre de France2030. Il réunit 16 partenaires engagés pendant 5 ans pour expérimenter et faire la preuve de l’intérêt d’une nouvelle approche et d’une nouvelle gouvernance des transitions alimentaires, basées sur les concepts de solidarités et de démocratie alimentaire sur le territoire de Montpellier.
Le salon a été l’occasion de donner un aperçu concret du projet à travers de l’expérimentation de la Caisse Alimentaire Commune avec Nathalie Barthe, Co-présidente de la Fédération Régionale des CIVAM d’Occitanie.
Et… Le saviez-vous ?
« Oupette » la vache limousine égérie du salon de l’agriculture 2025 et Alexandre, agriculteur membre des Civam, participent aussi à 𝗗𝗲 𝗳𝗲𝗿𝗺𝗲 𝗲𝗻 𝗳𝗲𝗿𝗺𝗲 notre grand événement pédagogique qui aura lieu le dernier weekend d’avril ! Ça vous offre une 2e chance de les rencontrer, directement à la ferme => www.defermeenferme.com
Les aléas climatiques et la conjoncture économique et géopolitique fragilisent les conditions de travail et les revenus des producteurs.trices. Pour sécuriser ces derniers, de nombreux paysans et paysannes misent sur un renforcement de leur ancrage commercial sur leur territoire en travaillant sur leurs débouchés et leurs marges. Des démarches collectives associant agriculteurs et acteurs locaux (artisans, transformateurs, commerçants, distributeurs…) se développent pour créer de nouvelles filières territoriales. Moins gourmande en temps que les circuits courts pour les producteurs, plus rémunératrice que la vente en “filières longues” (source Projet Filter 2024 ), cette organisation leur permet par ailleurs de décrocher de nouveaux marchés. En effet, en réunissant les capacités de production de plusieurs fermes voisines, ils peuvent ainsi répondre à des demandes d’approvisionnement importantes, comme pour la restauration collective par exemple.
Une organisation incluant toute la chaîne logistique et de transformation des producteurs aux consommateurs, qui concerne également de nombreuses filières non alimentaires (lin textile, chanvre pour isolation et construction, bois déchiqueté pour paillage et chauffage…)
Nouveaux débouchés & approvisionnement de la restauration collective Illustration dans les Deux Sèvres, avec une filière viande locale ”Bon et BOCAIN”
Des éleveurs.ses bovins, ovins, porcs et volailles, membres du Civam du Haut Bocage dans les Deux-Sèvres se sont structurés en association, pour livrer la restauration collective locale en viande de qualité. Depuis la ferme jusqu’à l’assiette des enfants, c’est gagnant-gagnant pour chaque acteur de la filière. Les restaurants collectifs intègrent de la viande locale répondant à la loi Egalim et directement livrée par les éleveurs, qui, ensemble arrivent à réunir les quantités nécessaires et peuvent ainsi profiter de nouveaux débouchés commerciaux. Les cuisiniers ont pu bénéficier de formations et ce sont les futurs bouchers, élèves du lycée agricole et technologique de Bressuire qui prennent en charge la découpe de leurs produits
« La clef c’est l’organisation collective ! Les membres de Bon et BOCAIN ont mis en place des outils pour partager les commandes, se positionner sur les quantités disponibles, et organiser les livraisons.Mais également un cahier des charges de production pour assurer une qualité homogène des produits » Sonia et Fabrice Coutant, Ferme Coutant And Cow, Deux-Sèvres (79)
Valeur ajoutée, mutualisation et diversification des fermes Illustration dans les Landes, avec une filière huile “Oléandes”
La création de valeur ajoutée sur les fermes est favorisée par les organisations collectives, notamment grâce à la mutualisation d’outils de stockage, de collecte ou de transformation. En 2012, quelques éleveurs de canards motivés pour améliorer l’autonomie de leurs élevages décident de produire eux-mêmes les aliments de leurs volailles à base de colza et de tournesol. Dans une zone où règne traditionnellement la monoculture de maïs, ils s’organisent alors pour cultiver tournesol et colza, partager leurs expériences agronomiques sur ces nouvelles cultures ( plus vertueuses pour l’environnement, à faible besoin d’intrants ou d’irrigation), mais également pour s’associer et acquérir ensemble les outils nécessaires à la transformation (presse à huile notamment). A l’issue c’est, le développement d’une véritable filière “huile”, une diversification commerciale pour les fermes, et une belle dynamique de territoire : une marque “ Oleandes” et la création d’emplois pour la production et la commercialisation.
« J’ai pu ainsi diversifier mes productions et avoir une garantie de débouchés : c’est une véritable stabilité financière et une sécurité pour ma ferme. Désormais, on est plus de 100 agriculteurs landais impliqués dans la filière ! Ça représente 600 ha de cultures, 2 300 tonnes de graines à partir desquelles on produit 900 000 litres d’huile chaque année.»
Eric Labaste, agriculteur dans les Landes (40) membre du Civam ALPAD
Relocalisation, tissu local et dynamique de territoires
Illustration en Lozère avec une filière Farine « La Méjeanette »
Ces “filières territoriales” permettent ainsi de relocaliser la valeur ajoutée en se fondant sur la relation directe entre acteurs spécialisés et en mettant en place une gouvernance partagée. Elles se combinent régulièrement avec les enjeux de création d’emplois locaux et de réduction de l’impact écologique des productions. En Lozère, par exemple, les Civam ont accompagné un groupe constitué d’agriculteurs, de boulangers, de meuniers et de consommateurs pour structurer une filière farine locale autour de la réhabilitation d’un ancien moulin à vent sur le Causse Méjean. Dans cette zone rurale isolée, la mairie de Hures la Parade y a vu un projet susceptible de participer au développement économique et à l’attractivité du territoire. Les habitants ont été réunis à différentes étapes des travaux du moulin, de manière à les rendre acteurs du projet. Des emplois ont été créés et de nouvelles familles se sont installées sur la commune. Aujourd’hui, 27 fermes fournissent des céréales au meunier. La farine est distribuée sous la marque Méjeanette, à plus de 15 boulangers et à une 30aine de points de ventes.
« C’est un projet extraordinairement complet qui apporte une richesse sur le territoire, c’est une pâte qui a bien pris grâce à tous les ingrédients nécessaires apportés à la recette. Pour moi, c’est une réussite quand on voit que les habitants s’approprient le moulin à vent et partagent avec les initiateurs du projet la fierté d’avoir « leur moulin » ».
André Baret, maire d’Hures-la-Parade en Lozère (48)
Le Moulin de la Borie – Avant / Après
Des dynamiques collectives qui favorisent la transition agroécologique…
Les dynamiques collectives qu’impliquent ces filières ( partage des risques, mutualisation des connaissances…) sont des facteurs déjà reconnus comme favorisant l’écologisation des pratiques agricoles (source: Projet Filter 2024) La contractualisation et la formalisation des engagements via des chartes, cahiers des charges ou labels, pose l’identité collective de la filière, acte des pratiques autorisées ou interdites, et propose parfois des démarches d’amélioration. Un cadre commun qui permet également de différencier les produits auprès des consommateurs. Le cahier des charges est ainsi un vecteur d’amélioration des pratiques agricoles car il fixe un cadre structurant qui guide les producteurs vers des exigences techniques, environnementales et sociales spécifiques. Son rôle dépasse la simple formalisation des engagements.
« Le fait d’échanger entre agriculteurs sur nos pratiques, ça nous permet de progresser individuellement!
En plus du cahier des charges commun, on se retrouve tous les ans pour faire un point sur nos méthodes de production et travailler ensemble sur les perspectives d’évolution et les nouveaux leviers agroécologiques que l’on peut mettre en place sur nos fermes»
Pascal Baudouin, éleveur dans la Vienne (86) – membre du Civam Mont’Plateau
…A accompagner dans la durée !
L’analyse des expériences pionnières a permis au réseau des Civam d’identifier 3 grands axes d’accompagnement nécessaires : organisationnel (comme par exemple la gouvernance collective, les cahiers des charges, les partenariats), technique (production, process…) et économique (formalisation de business plan, recherche de financements, contractualisation….)
L’émergence, la construction et la pérennisation de telles filières territoriales nécessite par ailleurs une organisation collective, qui peut difficilement se mettre en place sans un travail d’accompagnement global – C’est le coeur de métier de structures associatives telles que les groupes Civam – et dont le coût doit être pris en compte. Et ce dans la durée, car cette organisation de filière est longue ( entre 4 et 8 ans en moyenne – source Projet Filter 2024 ).
« Au vu des nombreuses externalités positives qu’elles génèrent, l’appui au fonctionnement et au développement de telles filières territoriales est nécessaire et indispensable ! C’est aussi parfois l’occasion d’intégrer les enjeux d’accessibilité des produits alimentaires locaux aux personnes les plus précaires par exemple par l’implication d’épiceries sociales dans les dispositifs. L’État et les collectivités ont un rôle essentiel à jouer, notamment au travers des projets alimentaires territoriaux (PAT) ».
Nicolas Verzotti, maraicher dans le Vaucluse (84) et président de Réseau Civam
Les CIVAM (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) sont des groupes d’agriculteurs et de ruraux qui travaillent de manière collective à la transition agro-écologique. Il s’inscrivent également dans des dynamiques collectives et citoyennes (réseauxInPACT,Collectif Nourrir,Sécurité sociale de l’alimentation….). Les CIVAM constituent un réseau de près de 130 associations, qui emploient 250 animateurs-accompagnateurs et qui œuvrent depuis 60 ans pour des campagnes vivantes. Ils agissent pour une agriculture plus économe et autonome, une alimentation relocalisée au cœur des territoires et des politiques agricoles, pour l’accueil de nouvelles populations et pour la préservation des ressources.
C’est une action collective inédite à la hauteur du danger pointé par leur initiative. Dans une tribune parue dans Le Monde aujourd’hui, 87 associations, syndicats et fédérations de lutte contre l’exclusion, de solidarité, de défense de la dignité humaine et de l’environnement, des libertés publiques et de la liberté de la presse, ont annoncé leur départ collectif du réseau social X (ex-Twitter), le 20 janvier. Réseau Civam a fait le choix de rejoindre le mouvement et fait partie des signataires. Pour éviter une usurpation de nom, notre réseau a choisi de ne pas supprimer son compte cependant, cela dans un premier temps.
Dans cette tribune, les organisations soulignent que X a déjà été « pointé du doigt à de multiples occasions depuis sa création en 2006 » et que « les critiques à [son] encontre sont de plus en plus nombreuses et fortes, particulièrement depuis son rachat par le milliardaire américain Elon Musk […] L’absence de modération et le paramétrage des algorithmes y favorisent la prolifération des contenus haineux et la circulation de théories complotistes et climatosceptiques ».
Elles estiment désormais que leurs « causes solidaires et en faveur de la défense de l’environnement y sont invisibilisées, mais aussi caricaturées, alors même que les défis qui se présentent à nous méritent attention, réflexion, sens de la nuance et débat apaisé ». Dans ce contexte, « Inutile de poursuivre la bataille des idées au sein d’un ring où les dés sont pipés. », affirment-elles.
Parce qu’il est plus qu’indispensable de poursuivre leurs combats et de faire entendre leurs voix, associations et syndicats s’associent à l’initiative « HelloQuitteX », fondée en partenariat avec le CNRS, qui permet en moins de cinq minutes de dupliquer ses liens d’abonnements et d’abonnés de X vers « des réseaux sociaux plus sains », Mastodon ou BlueSky. Les associations invitent donc toutes celles et ceux qui s’intéressent à leurs combats à les suivre sur leurs autres réseaux sociaux, et à quitter X aussi massivement que possible.
En ciblant le siège d’INRAE, c’est une orientation stratégique, pourtant essentielle pour la transition agroécologique, qui se trouve remise en question par certaines organisations syndicales agricoles. Cette transition vise à accompagner les agriculteurs dans une démarche d’innovation sociale et durable, à rebours des solutions court-termistes du passé.
Au-delà de la recherche publique, ce sont toutes les institutions garantes de la prise en compte par l’agriculture française des enjeux sanitaires et environnementaux qui sont aujourd’hui remises en cause par certains représentants agricoles. Les agricultrices et agriculteurs du réseau des CIVAM font pourtant la démonstration, notamment par des collaborations régulières avec INRAE et au travers d’une convention cadre, que nous sommes en mesure de forger des solutions conciliant production agricole pérenne avec un environnement restauré et une santé protégée.
Les instituts de recherches publics français sont riches de la diversité des approches développées par ses chercheurs. En conséquence, les voies explorées pour construire l’agriculture et les systèmes alimentaires de demain reposent sur des paradigmes différents. Les CIVAM y contribuent, avec leur sensibilité propre, en pleine conscience que d’autres recherches privilégient un socle où la technologie joue un rôle essentiel. Nous sommes convaincus que la raison d’être sociétale d’un institut de recherche public est de s’appuyer sur un large spectre de fronts de recherche. Il serait donc dommageable, pour l’agriculture et la société française, mais aussi pour le rayonnement des instituts, d’enfermer les équipes de recherche dans une vision monolithique des évolutions à promouvoir.
Les agricultrices et agriculteurs du réseau des CIVAM appellent à investir pleinement dans la recherche et l’évaluation de solutions durables, capables de répondre aux défis croissants auxquels nos fermes font face : instabilités climatiques, épuisement des ressources, attentes sociétales… Ces enjeux exigent des réponses ambitieuses et une volonté politique forte pour accompagner le monde agricole dans sa transformation.
Plutôt que de diviser chercheurs et agriculteurs, il est urgent de reconnaître la complémentarité de leurs rôles et de renforcer leur coopération pour bâtir un modèle agricole résilient et durable. C’est en conjuguant savoirs scientifiques et savoir-faire agricoles que nous pourrons relever les défis auxquels l’agriculture est confrontée, notamment à travers les projets de recherche participative portés par INRAE. L’alimentation ne peut être considérée comme une simple marchandise soumise aux lois de la libre concurrence. C’est un besoin vital, qui appelle des politiques cohérentes, capables de soutenir les pratiques agroécologiques et de garantir une sécurité alimentaire pour tous ainsi que des revenus décents pour les producteurs. Grâce à l’engagement conjoint des agriculteurs et des chercheurs, l’agriculture de demain se construira sur des bases solides où recherche publique, économie, écologie et solidarité se rejoignent.
Paysans-Chercheurs : zoom sur des exemples de terrain
Quelques illustrations de la puissance de la coopération entre chercheurs et agriculteurs pour générer des connaissances et les mettre au service de la transition agroécologique :
Chercheurs et agriculteurs unis pour développer l’agroforesterie en région Sud L’agroforesterie, pratique qui associe arbres, cultures et/ou élevage, est aujourd’hui un exemple emblématique de la complémentarité entre agriculteurs et chercheurs. En région Sud – Provence-Alpes-Côte d’Azur, les CIVAM ont été à l’avant-garde du développement de cette approche novatrice, redonnant à l’arbre une place centrale dans les systèmes agricoles, à l’échelle des fermes comme des territoires. “Grâce à des partenariats solides avec INRAE et le Groupe de Recherche en Agriculture Biologique (GRAB), nous avons pu valider scientifiquement nos observations : les arbres et les haies ne sont pas seulement des éléments paysagers, mais des alliés indispensables pour préserver la biodiversité, lutter contre l’érosion, limiter le ruissellement, stocker du carbone dans les sols et s’adapter aux changements climatiques”. Nicolas Verzotti, maraicher, dans le Vaucluse (84)
Les résultats des recherches menées en collaboration avec les instituts de recherche ont produit des références solides et largement diffusées, prouvant l’efficacité de ces pratiques. En savoir plus
Produire des semences paysannes en collectif en pays de la Loire Dans les Pays de la Loire, les Civam et un chercheur de INRAE mènent depuis 3 ans un projet visant à produire des semences paysannes en collectif. Objectif : augmenter l’autonomie semencière des fermes et du territoire et profiter de la diversité génétique de ce type de semences pour améliorer la robustesse des exploitations, notamment face au changement climatique. Essais de production sur les fermes, suivi et analyses : les partenaires ont publié un recueil technique pour partager leurs résultats, mais également conçu des formations pour permettre à d’autres de réaliser des essais de production de semences à la ferme. « La production de semences à la ferme demande du temps, des savoir-faire et du matériel adapté. Les étapes (culture, récolte, sélection, séchage, stockage, tri) sont spécifiques à chaque espèce et nécessitent une bonne organisation sur la ferme et au sein du collectif pour atteindre l’autonomie. Ce projet a permis de structurer l’échange de savoir-faire entre pairs. » Denis Roulleau, eleveur en Maine et Loire (49) En savoir plus
Les Civam en bref
Les CIVAM (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) sont des groupes d’agricultrices, d’agriculteurs et de ruraux qui travaillent de manière collective à la transition agro-écologique. Les Civam constituent un réseau de près de 130 associations et qui oeuvrent depuis 60 ans pour des campagnes vivantes. Ils agissent pour une agriculture plus économe et autonome, une alimentation relocalisée au coeur des territoires et des politiques agricoles, pour l’accueil de nouvelles populations et pour la préservation des ressources.
Leur mission : animer et accompagner les projets collectifs et durables qui contribuent à dynamiser le tissu socio-économique rural. Ils développent des initiatives, testent de nouvelles pratiques et proposent des méthodes d’actions basées sur la transmission des expériences de terrain, l’apprentissage entre pairs et la coopération à l’échelle locale et nationale.
Contact presse
Chargées de communication – Réseau Civam Lucie Faguais – lucie.faguais[at]civam.org – 06.41.88.31.81 Aurore Puel – aurore.puel[at]civam.org – 06.41.03.31.35
« Ça me permet d’améliorer le quotidien, et de faire plaisir à mes enfants, avec des yaourts ou du fromage, sourit cette mère de famille, qui élève seule trois de ses quatre petits. Au-delà de l’aide financière, ce sont des liens affectifs et un apprentissage permanent. »
Samira, expérimentatrice de la Caisse commune de l’alimentation à Montpellier.
La proposition de Sécurité sociale de l’alimentation repose sur trois piliers : universalité, cotisation, conventionnement
Universalité
À l’image de la Sécurité sociale de santé, la Sécurité Sociale de l’Alimentation (SSA) concernerait tout le monde, quelque soit le niveau de revenu ou l’origine sociale. Les politiques universelles présentent de nombreux avantages. Contrairement aux politiques ciblées sur un public particulier (les jeunes, les pauvres…), elles ne sont pas stigmatisantes. Par exemple, il n’est pas nécessaire de devoir prouver sa situation pour en bénéficier (ex : avoir un reste à charge inférieur à tel niveau).
De la même manière, non ciblées, les politiques universelles présentent par définition moins de risque de rater leur cible (limite les effets de seuil, le non-recours…).
En réalité, plus qu’une nouvelle aide qui permettrait d’alimenter des discours autour de « l’assistanat », les politiques universelles sont génératrices de nouveaux
droits pour toutes et tous et contribuent ainsi à créer du commun et donc de la cohésion.
Financement par la cotisation
La SSA serait financée par la cotisation qui est l’instrument au service de la répartition primaire des richesses. La cotisation permet de socialiser, de mettre en commun une partie de la valeur économique afin qu’elle soit gérée par les travailleurs et travailleuses qui l’ont produite. L’assiette de cotisation est un élément encore en débat parmi les partisans de la Sécurité sociale de l’alimentation.
Conventionnement démocratique
Il s’agit de sélectionner collectivement les produits ou les professionnel·les qui seront éligibles à la SSA, c’est-à-dire pour lesquels il sera possible de réaliser des dépenses avec la carte vitale de l’alimentation. Le conventionnement est un outil en faveur de l’alimentation choisie : il permet d’organiser la demande et donc d’orienter la production vers ce que souhaitent manger les citoyens. Ce conventionnement est réalisé « en connaissance de cause », c’est-à-dire après des processus de co-construction de la connaissance, de formation des citoyen·nes aux enjeux du système alimentaire. Le conventionnement démocratique est un outil de sortie du tout marché : pour grossir le trait, ce n’est plus le marché qui détermine en grande partie ce qui est produit, comment cela est produit et à quel prix, mais ce sont les mangeurs et les mangeuses, donc les citoyen·nes. En cela, le conventionnement est un outil à la fois de démocratisation du système alimentaire et un outil d’orientation du système alimentaire.
Schéma réalisé par le Collectif pour une Sécurité sociale de l’alimentation
Une idée qui progresse
Défendue par un collectif composé d’organisations nationales et locales* et à la faveur d’un contexte porteur sur les questions d’alimentation (crise de l’aide alimentaire, inflation, mobilisation agricole …) la proposition de SSA suscite un engouement citoyen et un intérêt médiatique et politique de plus en plus fort.
La proposition est citée dans un nombre croissant de rapports. À titre d’exemple, dans son « avis 91 » dédié à la précarité alimentaire, le Conseil National de l’Alimentation inscrit l’expérimentation de Sécurité sociale de l’alimentation parmi ses dix recommandations phares. En avril 2023, dans son avis relatif à la Stratégie nationale alimentation, nutrition, climat (SNANC), le Haut Conseil de Santé Publique invite à explorer davantage la piste de la SSA tandis qu’en janvier 2024, dans un rapport dédié au système alimentaire, le Haut Conseil pour le Climat présente la proposition dans son chapitre « concilier transition alimentaire et inclusion sociale ».
La proposition est également évoquée à l’Assemblée nationale où elle est mentionnée à l’occasion de divers amendements, sans que ceux-ci n’aient aboutis pour le moment. Sur un autre registre, la Sécurité sociale de l’alimentation fait l’objet en France d’une campagne de désobéissance civile lancée en janvier 2024 par le collectif Riposte Alimentaire (anciennement Dernière rénovation). Hors de nos frontières, la proposition de SSA commence également à faire parler d’elle et notamment en Belgique et, dans une moindre mesure, en Suisse.
Des initiatives locales qui s’en inspirent
Sur le terrain, à l’initiative de collectifs citoyens et associatifs et/ou de collectivités territoriales, des initiatives locales qui s’inspirent de la Sécurité sociale de l’alimentation se mettent en place. Il est à noter que ces expérimentations sont des projets « inspirés de » la SSA et non des expérimentations de Sécurité sociale de l’alimentation. En effet, aucune initiative locale ne peut expérimenter les trois piliers de manière stricosensu et en particulier celui de l’universalité. Plus largement, la SSA est un projet macroéconomique qui, dans le cadre actuel, ne pourrait trouver son sens, sa viabilité, notamment financière, et sa cohérence qu’à un niveau national. D’ampleur relativement modestes, les expérimentations sont très diverses et à des degrés d’avancées variés. On peut ainsi retrouver de telles expérimentations en Gironde, à Montpellier, à Cadenet, en Drôme, en Ariège, dans l’Aude, à Paris, Nantes, Lyon, Grenoble… Souvent, elles prennent la forme ou se dirigent vers la construction d’un comité citoyen de l’alimentation et d’une caisse commune de l’alimentation. Malgré des tentations au mimétisme ou à la proposition de création d’un dispositif clef en main, la plupart de ces expérimentations partagent un enjeu fort autour de la construction démocratique.
Bien qu’il ne s’agisse pas de l’unique manière de penser la démocratie alimentaire, la mobilisation des personnes ou même la socialisation de l’alimentation, la SSA, en proposant d’étendre les principes de la Sécurité sociale à l’alimentation ouvre des perspectives enthousiasmantes de transformation du système alimentaire. Proposition systémique et ambitieuse, la SSA fait le pari de la démocratisation du système alimentaire pour répondre aux nombreux enjeux sociaux et environnementaux qui s’adressent à lui. Réflexion en cours, la SSA soulève également de nombreuses questions et défis auxquels les expérimentations locales qui s’en inspirent pourront apporter des débuts de réponses.
*Le Collectif pour une Sécurité sociale de l’alimentation est composé d’organisations nationales (Réseau CIVAM, Confédération paysanne, ISF Agrista, VRAC France, Réseau Salariat…) et d’initiatives locales (Caisse locale de l’alimentation de Cadenet, Territoires à VivreS Lyon, Acclimat’action…)
Nous, élus de collectivités territoriales et EPCI1 de tous horizons politiques, de territoires urbains ou ruraux, sommes engagés pour accompagner les évolutions du secteur agricole et alimentaire vers un avenir durable. Nous développons des actions, notamment au travers des projets alimentaires territoriaux (PAT), qui nous permettent de nous pencher sur une multitude de sujets de la fourche à la fourchette : maintien du foncier agricole, soutien à l’installation de projets agroécologiques, augmentation des produits locaux et biologiques en restauration collective, accompagnement des agriculteurs vers des pratiques agroécologiques et économes en eau, structuration de filières territoriales, mise en place d’instances de démocratie alimentaire où chacun et chacune de nos concitoyens peut avoir sa voix au chapitre, actions d’éducation vers de nouveaux régimes alimentaires ou encore initiatives pour permettre à toutes et à tous un accès digne et durable à une alimentation choisie et de qualité.
Une vision systémique à porter aux différentes échelles
À toutes les échelles territoriales, nous nous mobilisons pour permettre à nos concitoyens de vivre sainement et dignement dans des territoires respectueux des personnes et des écosystèmes. Nous nous engageons à nous former, nous, en tant qu’élus, mais aussi nos équipes, pour mieux appréhender les enjeux agricoles et alimentaires, et pour renforcer nos compétences, savoirs et méthodes pour la mise en place et la conduite de projets solides et cohérents, à la hauteur des défis actuels et futurs. Les enjeux auxquels nous sommes confrontés nécessitent une vision systémique et une prise en charge transversale qui nous obligent à repenser nos organisations et modes de fonctionnement pour plus de coopération et de transversalité dans nos projets. Pour ce faire, nous nous engageons à réexaminer nos budgets afin d’assurer la cohérence de nos politiques globales avec nos projets de transition agroécologique et alimentaire. Nous nous engageons également à participer aux instances essentielles traitant des enjeux d’agriculture et d’alimentation, portées par les services de l’État.
Un soutien indispensable demandé à l’État
Pour que nos efforts et nos projets locaux puissent s’amplifier, essaimer et ainsi transformer notre système alimentaire en profondeur, nous demandons :
La création d’une compétence “alimentation” pour légitimer le rôle des collectivités territoriales à agir, à toutes les échelles, en faveur de systèmes alimentaires territoriaux résilients, durables et équitables (comme formulée dans le rapport Marchand2 et dans la proposition de loi d’ATLASS 23.)
Un soutien réaffirmé de l’État, en termes :
– financiers, pour maintenir les budgets des collectivités indispensables aux dynamiques territoriales, et pérenniser des ressources humaines bénéficiant de formations adéquates tout au long de nos mandats (que ce soit via des réseaux ou agences publics tels que France PAT, l’ADEME, le CNFPT, ou des réseaux de territoires animés et outillés) ;
– législatifs et réglementaires, pour adopter des lois clés qui permettraient aux territoires d’accélérer rapidement leurs démarches de transition, par exemple dans le domaine du foncier agricole, de la limitation de l’usage des produits phytosanitaires ou encore via un nouveau cadre de la commande publique pour favoriser une agriculture biologique et locale, comme demandée par un collectif européen animé par France Urbaine4.
– de renforcement des liens entre les services déconcentrés de l’État (agences et opérateurs de l’État notamment), et les collectivités territoriales, pour gagner en cohérence et en efficacité ;
une politique nationale de transition agroécologique et alimentaire solide, qui pourrait prendre la forme d’une loi-cadre et qui permettrait de répondre aux grands enjeux sociaux, environnementaux, économiques et de santé publique. La France doit s’appuyer sur cette politique pour défendre une position ambitieuse au niveau européen, concernant notamment la réforme de la Politique Agricole Commune, et gagner en cohérence entre les différentes échelles des politiques publiques.
Les récentes mobilisations des agriculteurs, les effets du changement climatique sur nos territoires, la dégradation des conditions de vie des plus précaires, témoignent de l’urgence à agir.
Cette tribune s’inscrit dans une dynamique plus large, notamment avec la Déclaration de Nantes5, qui devrait donner lieu à une nouvelle Déclaration lors des Assises territoriales de la transition agroécologique et de l’alimentation durable qui auront lieu à Montpellier les 2 et 3 décembre prochains6.
Cette tribune parue dans le journal Le Monde a été signée par 122 élu·es et a reçu le soutien de 19 organisations dont Réseau Civam et 7 scientifiques. Liste à retrouver ici.
À propos de TETRAA
Le programme TETRAA (territoires en transition agroécologique et alimentaire) a accompagné neuf territoires français de 2020 à 2024 avec un double objectif : accélérer leurs démarches de transition agroécologique et alimentaire, et documenter les freins et leviers rencontrés par ces acteurs pour renforcer l’ingénierie de la transition, à travers trois leviers :
Le cofinancement de projets et d’animation territoriale,
La création et le déploiement d’appuis opérationnels adaptés aux besoins des territoires (groupes d’échanges, formations, séminaires, webinaires, incluant notamment de la mise en réseau et des temps conviviaux),
L’accompagnement scientifique visant à décrypter les freins et les leviers de ces démarches.
Grâce à ces accompagnements, le programme a permis d’identifier des points clés pour que les acteurs des territoires, au premier lieu desquels les collectivités territoriales, puissent mener à bien une politique de transition agroécologique et alimentaire ambitieuse, démocratique, solide et pérenne. Ce programme a été créé et est co-piloté par la Fondation Daniel et Nina Carasso et AgroParisTech, avec le soutien de Porticus.
En savoir plus : programme-tetraa.fr
Plus de ressources disponibles
Vidéos illustratives et ressources sur le site internet du programme (agroécologie, foncier, formation des élus, etc…). “Alimentation et agriculture : quel rôle des territoires ?” Les recommandations issue du colloque porté le 13 novembre à l’Assemblée nationale.
À l’échelle du Grand Ouest, l’analyse comparative des résultats économiques 2022 des fermes herbagères paturantes Civam et de la moyenne des fermes laitières RICA (Réseau d’Information Comptable Agricole1) met en évidence deux stratégies économiques: produire de la richesse pour rémunérer du travail, c’est la “stratégie valeur ajoutée” des fermes Civam ou produire du volume et capitaliser, c’est la “stratégie volume” suivie et subie par la majorité des fermes. Cette dernière, fortement dépendante de flux exogènes (intrants, financements…), s’expose de manière frontale aux fluctuations des cours mondiaux imbriqués eux-mêmes dans des stratégies géopolitiques parfois très éloignées des considérations agricoles et alimentaires.
L’autonomie des fermes face aux instabilités conjoncturelles
L’année 2022 est marquée par une hausse significative du prix du lait conventionnel, atteignant 469 €/1000 L (+ 17 % par rapport à 20212). Pour tenter d’en profiter, les fermes RICA cherchent à produire plus, quitte à produire du lait qui coûte cher en intensifiant les achats d’aliments et d’intrants extérieurs, ou encore en augmentant leur cheptel. En 2022, leurs charges augmentent ainsi en moyenne de 56 €/1000 L, soit + 11 %. Cette réactivité aux fluctuations de prix fragilise les systèmes RICA. Le prix du lait a augmenté mais qu’en sera-t-il en cas de crise du lait comme nous avons pu vivre par le passé ? Les fermes en agriculture durable (AD) des Civam ne suivant pas cette stratégie volume, leurs charges restent relativement stables. Des charges qui sont déjà moindres dans ces systèmes économes qui maximisent le pâturage et qui réduisent leur utilisation d’intrants tels que les aliments ou les engrais et produits phytosanitaires sur les cultures.
Au bilan, c’est 120 000€ de charges totales en moins dans les fermes AD grâce à leurs pratiques économes et autonomes. Ainsi malgré une production de lait plus faible, les fermes Civam obtiennent un revenu disponible similaire aux fermes du RICA. En moyenne sur 10 ans, ces fermes génèrent même un revenu disponible supérieur de près 6 600 € par rapport aux fermes RICA3.
Des pratiques économes bonnes pour l’environnement, la ferme et les éleveur·euses
Les fermes en système herbager pâturant réduisent leur dépendance aux surfaces extérieures pour l’alimentation de leurs animaux. Elles sont autonomes en moyenne à 96 % contre 68 % pour les systèmes ayant plus de maïs dans leur surface fourragère. Les prairies constituent une ration complète, stockent plus de carbone et limitent le lessivage des nutriments. Les fermes herbagères pâturantes réduisent ainsi leur bilan azoté et carbone et minimisent leurs impacts environnementaux délocalisés. Il en ressort une nette réduction de pression sur les écosystèmes et toutes sortes de pollutions et émissions induites.
En outre, les systèmes pâturants renforcent la dynamique des territoires ruraux avec une rémunération du travail par hectare supérieure de 190 € par rapport aux fermes RICA, ainsi qu’un nombre de travailleurs·ses au kilomètre carré supérieur de 10 %. Pour une commune de 50 km² comme Rennes, cela représente 10 travailleur·ses de plus sur les fermes de ce territoire.
Les systèmes herbagers, tels que ceux observés dans les fermes AD, offrent une alternative viable et vivable aux pratiques conventionnelles. Leur capacité à combiner les trois piliers de la durabilité (une agriculture économiquement viable, socialement équitable et écologiquement responsable) les positionne comme des modèles pour l’avenir de l’élevage laitier.
La promotion de ces systèmes, soutenue par des initiatives locales, est essentielle pour construire une agriculture économe et autonome et donc plus apte à faire face aux incertitudes, perturbations et fluctuations notamment prix, tout en minimisant les impacts environnementaux, et d’assurer la transmissibilité de fermes pérennes. Plus généralement, c’est la souveraineté alimentaire qui est sécurisée en faisant perdurer la filière mais aussi la santé de tous·tes, dont celle des éleveur·euses, qui est préservée.
« Parce que faire pâturer ici et maintenant, c’est penser autonomie et moindres dépendances en surfaces exogènes, en engrais de synthèse fortement énergivores, en biocides en tous genres s’accumulant sournoisement jusque dans nos atomes, en sur-matérialisation de nos fermes et do<nc au final de moindres dépendances à l’endettement financier et humain. Faire pâturer, c’est clairement acter en faveur d’une baisse de pression sur les écosystèmes, c’est agir sur les réservoirs de biodiversité entomologiques, floristiques et faunistiques, être moins inféodé aux matières et à leurs fluctuations sur les cours mondiaux déconnectés du réel »Mickaël Lepage, éleveur en Mayenne (53) et membre du Réseau Civam.
Les Civam en bref
Les CIVAM (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) sont des groupes d’agricultrices, d’agriculteurs et de ruraux qui travaillent de manière collective à la transition agro-écologique. Les Civam constituent un réseau de près de 130 associations et qui oeuvrent depuis 60 ans pour des campagnes vivantes. Ils agissent pour une agriculture plus économe et autonome, une alimentation relocalisée au coeur des territoires et des politiques agricoles, pour l’accueil de nouvelles populations et pour la préservation des ressources.
Leur mission : animer et accompagner les projets collectifs et durables qui contribuent à dynamiser le tissu socio-économique rural. Ils développent des initiatives, testent de nouvelles pratiques et proposent des méthodes d’actions basées sur la transmission des expériences de terrain, l’apprentissage entre pairs et la coopération à l’échelle locale et nationale.
Contact presse
Chargées de communication – Réseau Civam Lucie Faguais – lucie.faguais[at]civam.org – 06.41.88.31.81, Aurore Puel – aurore.puel[at]civam.org – 06.41.03.31.35
1.RICA représentent 65 % des exploitations contribuant à plus de 90 % de la production agricole en utilisant 90 % des surfaces. Le RICA ayant pour objectif de représenter l’agriculture moyenne française, il inclut également des fermes en Agriculture Biologique. 2.Tient compte de l’inflation. 3.54 032 €/UTHF pour le RICA et 56 895 €/UTHF pour les fermes AD non bio.
25 janvier 2024 – Les paysans et paysannes des Civam (Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural) partagent le constat d’impatience et de mécontentement qui enfle dans les campagnes. Les difficultés pour le monde agricole sont une réalité : il est urgent de revaloriser le revenu des agriculteurs·trices qui doivent pouvoir vivre de leur métier.
« Il y a un ras le bol et une fatigue générale qui est palpable dans tous les milieux agricoles.»
Inès de Rancourt, éleveuse de chèvres dans la Drôme
L’inquiétude monte également dans les Civam face aux récupérations politiques et agro-industrielles d’une mobilisation et d’un mal-être paysan profond. Le risque : un nivellement par le bas des ambitions environnementales et des pratiques agricoles durables.
Garder le cap nécessaire de la transition agroécologique
Mobilisation paysanne dec.2023 pour que l’état honore ses engagements en faveur de la transition agroécologique
Les paysans et paysannes des Civam regrettent ainsi certains discours qui profitent de la situation pour rejeter la faute sur les normes environnementales. Ces mesures sont là pour assurer la pérennité des systèmes agricoles et alimentaires sur le long terme et donc garantir notre souveraineté alimentaire. Elles permettent de préserver la santé des agriculteurs, des citoyens et de l’environnement. Les Civam alertent sur la nécessité :
de l’action immédiate et impérative face au changement climatique et au déclin de la biodiversité,
de l’accompagnement des fermes et des paysans dans la transition agroécologique,
d’installer massivement de nouveaux.elles paysan.nes.
La solution : La promotion et l’accompagnement d’une agriculture autonome (sobre en intrants), économe (affranchie du surendettement), redonnant une place prépondérante à l’arbre, aux systèmes herbagers et à la biodiversité, recréant du lien entre éleveurs et producteurs de cultures (céréaliers, maraîchers, viticulteurs), préservant les ressources (dont les sols et la qualité de l’eau) et soucieuse du bien-être des paysans dans leur travail, pour des réponses globales et de long termes. Cette agriculture ne se décrète pas : pour émerger et se diffuser, elle doit être accompagnée et soutenue par les pouvoirs publics.
« Les politiques publiques nationales et européennes doivent garantir un revenu digne aux paysans et paysannes, sans distinction, en encourageant le développement de l’agro-écologie qui permet de nourrir de manière durable.» Nicolas Verzotti, Maraîcher dans le Vaucluse et vice président de Réseau Civam
Cesser de promouvoir les politiques libérales et le modèle agro-industriel
Les paysans et paysannes Civam appellent ainsi à “ne pas se tromper de cible” : c’est bien selon eux l’agro-industrie et la dynamique productiviste qui sont la source du mal-être paysan et de la désertification des campagnes. En poussant à l’agrandissement des fermes, à la standardisation des pratiques et à la course aux volumes, ce modèle est délétère pour l’environnement et l’autonomie décisionnelle des paysans. Un système agricole ultra-libéral, dominé par les filières intégrées et les intermédiaires agro-industriels, fait de notre alimentation, non pas un droit mais une simple marchandise à mettre en concurrence.
Les fermes Civam engagées depuis plus de 60 ans pour défendre des modèles agricole durables
Le réseau des Civam pratique et défend des solutions concrètes depuis longtemps : polyculture-élevage, autonomie, économie, circuits courts… Avec près de 10 000 fermes sur le territoire, les paysans et les paysannes Civam prouvent que l’agriculture durable peut leur permettre de vivre de leur métier et d’avoir des pratiques respectueuses de l’environnement. Par exemple, les fermes laitières engagées en agriculture durable génèrent autant, si ce n’est plus, de revenu que leurs voisines en agriculture conventionnelle. (cf observatoire technico-économique 2023) et sont plus autonomes financièrement.
“ Dans les Civam, on a mis des choses en place, on travaille sur l’autonomie et la réduction des charges (moins d’énergies fossiles, moins de produits phytos) en adéquation avec l’environnement et la préservation des ressources naturelles…mais ça ne suffit pas, il faut agir sur les prix et là ce sont les pouvoirs publics qui ont la main !”
Antoine Delahais, éleveur laitier en Normandie, trésorier de Réseau CIVAM
Alors que se négocient le Pacte et la Loi d’Orientation et d’Avenir Agricoles (PLOAA), le réseau des Civam s’inscrit dans une démarche participative pour faire des propositions solides, éclairées par son expertise de terrain. Il rappelle la nécessité de politiques publiques fortes pour assurer des prix rémunérateurs et soutenir celles et ceux qui s’engagent dans la transition agroécologique.
Nicolas Verzotti – Maraîcher et vice président Réseau Civam – nicolas.verzotti[at]civam.org Prunelle Besson – Directrice Réseau Civam Réseau Civam – prunelle.besson[at]civam.org Aurore Puel – Coordinatrice communication Réseau Civam – 06.41.03.31.35 – aurore.puel[at]civam.org
A propos des CIVAM
Les CIVAM (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) sont des groupes d’agriculteurs, d’agricultrices et d’acteurs du monde rural qui travaillent ensemble à la transition agro-écologique. Il s’inscrivent également dans des dynamiques collectives et citoyennes (réseaux InPACT, Collectif Nourrir, , Sécurité Sociale de l’Alimentation…. ). Les Civam constituent un réseau de près de 130 associations et qui œuvrent depuis 60 ans pour des campagnes vivantes.www.civam.org